THAUVIN Raoul Léon
Décédé le 16 juin 1916 (34 ans) - Batailles du Pas-de-Calais
Raoul Léon est né le 12 juillet 1881 à Baule, dans le Loiret. Il est le troisième et dernier enfant d’Adolphe THAUVIN, vigneron, et de Léontine GUILLON. Avec ses parents et ses deux sœurs (Marie Olympe, née en 1875 et Philomène Aline née en 1878), ils semblent avoir vécu tous ensemble au lieu dit Foinard à Baule jusqu’à la fin des années 1800. En 2022, cet endroit correspond à la rue Jean Bordier à Baule.
Les recensements n’étant pas disponibles pour la commune de Baule, il n’est pas possible de reconstituer la composition exacte du foyer. Cependant, rien n’indique que cette famille ait déménagé durant l’enfance des enfants. Sa fiche matricule militaire nous indique qu’il avait un bon degré d’instruction (niveau 3 = sait lire, écrire, et possède une instruction primaire plus développée).
En 1901, avant de partir pour le service militaire, il semble toujours domicilié à Baule, chez ses parents.
Le 16 novembre 1902, Raoul Intègre le 106ᵉ Régiment d’Infanterie pour trois années, à Chalons sur Marne (51). Il en sortira comme soldat de 1ᵉ classe.
Le 18 décembre 1905, il est domicilié à Orléans, 9 Rue de la Hallebarde
Le 25 avril 1906, il est domicilié à Neuilly sur Seine, 7 rue Cavé
Le 28 novembre 1906, il est domicilié à Orléans, au 3 Rue du Bœuf Saint Paterne
Le 7 novembre 1908, il est domicilié à Rebréchien
Ainsi nous retrouvons Raoul Léon THAUVIN dans les recensements, au Bourg de notre commune, sur l’année 1911, confirmant la profession de boucher, un mariage et un enfant :
Extrait du recensement de 1911
En effet, Raoul THAUVIN se marie le 24 mars 1906 à Saint Jean Le Blanc, avec Marie Angélina AUBERT, originaire de Boiscommun. Ils eurent ensemble au moins deux enfants :
Guy, né à Rebréchien le 24 Aout 1908
Yvette, née le 11 octobre 1914
Le 11 août 1914, suite à l’appel à la mobilisation générale, Raoul rejoint, comme beaucoup de Loirétains, le 131ᵉ Régiment d’Infanterie, à la Caserne Coligny. Un mois après, le 19 septembre 1914, il devient caporal.
Le 21 décembre 1914, durant la bataille du Vauquois (à 25 km à l'ouest de Verdun), il est gravement blessé : « plaie contuse à la jambe gauche par balle ». Il passera 6 mois en à l’arrière du front, à l’hôpital pour être soigné, puis également dans les services auxiliaires, le temps du rétablissement.
Raoul est de retour au front, le 3 juin 1915, au sein du 146ᵉ Régiment d’Infanterie, dans le secteur de Neuville Saint-Vaast, entre Arras et Lens (Pas-de-Calais). Il décède 2 semaines plus, tard, tué à l’ennemi, au cours d’affrontements terribles, qui sont racontés dans L’Historique du 146ᵉ Régiment d’Infanterie, ci-dessous :
Nouvelles attaques – Il faut retourner dans l’ardent brasier de la lutte. L’ordre de départ arrive le 9 juin. Des autos nous déposent à la fourche des routes : Saint-Pol – Avesnes-le-Comte – Arras. A 20 heures, le régiment est en marche vers les premières lignes. Les 2ᵉ et 3ᵉ bataillons relèvent des troupes de la 5ᵉ D.I. qui occupent les lisières nord-est de Neuville Saint-Vaast ; le 1er est en réserve. Des bombardements incessants creusent des vides cruels dans nos rangs.
Le 12 juin, la lutte reprend âpre et sans trêve. Le 14, la 6ᵉ compagnie, en collaboration avec le 153ᵉ , enlève 100 à 200 mètres de tranchées ennemies, ce qui permet de redresser notre ligne.
Le 16 juin, à 14h30, nouvelle attaque par le régiment, prise dès son débouché, sous les mitrailleuses ennemies. Seules, les 3ᵉ et 4ᵉ compagnies progressent un peu. A 16 heures, le lieutenant-colonel Mourier, blessé au bras, par balle, cède son commandement au commandant du Saillant, du 3ᵉ bataillon. Le capitaine Colmet-Daage est tué ; le capitaine Bar, grièvement blessé.
On n’accorde aucun répit à l’ennemi. L’attaque se renouvelle à 19h30. La première vague est bientôt immobilisée, sous un feu terrible. Les lieutenants Schneeberger et Simon sont tués. La deuxième vague, sous le commandement du commandant du Saillant fait quelques progrès, mais subit de fortes pertes qui l’obligent à s’arrêter. Pendant la nuit, le régiment se reforme et il attaque à nouveau, le 17 juin, à 16 heures. Nos compagnies d’assaut bondissent dans la tranchée ennemie et poussent des éléments en avant. Mais ceux-ci, exposés au feu de notre artillerie, sont obligés de se replier. C’est le signal d’une contre-attaque de l’ennemi qui nous enlève deux parallèles. Il n’y reste pas longtemps, une contre-attaque immédiate l’en chasse. Au cours de ces engagements, le lieutenant Gauche, tombé aux mains de l’ennemi, réussit, par son audace et son sang-froid, à s’échapper et à rentrer dans nos lignes. Pour la deuxième fois, le régiment est désorganisé. Les hommes sont à bout de résistance physique et nerveuse. Les restes du régiment sont rassemblés et réformés le 18, au chemin des Pylones, puis dirigés, le 19, sur Ecoivres et Izel-les-Hameaux. Il revient de Neuville 31 officiers et 1632 hommes. Le 9 mai, le régiment comptait 46 officiers et 3140 hommes.
Raoul THAUVIN laisse derrière lui une femme ainsi que ses deux enfants : Guy, âgé de 6 ans, et Yvette, née pendant que son père était en train de combattre.